La surcompensation

Publié le par hai

Slt à toutes et tous,

Dans le milieu de l'entraînement et dans le cadre de la préparation à un objectif précis et planifié dans le temps, on entend souvent parler de surcompensation. Mais késako exactement?

L'activité physique s'accompagne d'une perturbation de la constance du milieu intérieur de l'organisme. Cette altération persiste bien après la fin de l'exercice. Ce n'est que progressivement que le corps parvient à retrouver une stabilité de toutes ces fonctions. Si la récupération le permet, ce retour à l'équilibre s'accompagne d'un renforcement des systèmes fonctionnels engagés dans l'exercice. Comme si ces systèmes biologiques avaient appris à mieux faire face à un éventuel retour de telles conditions de fonctionnement.
La surcompensation est le nom donné au rétablissement des systèmes fonctionnels de l'organisme à un niveau supérieur à celui d'avant exercice.

Le concept de surcompensation a été particulièrement étudié dans les anciens "pays de l'Est" - Allemagne de l'Est, U.R.S.S…). Il est intéressant pour bien saisir l'importance et surtout les limites de la surcompensation de saisir les variables sur lesquelles les scientifiques de ces pays se sont appuyés pour asseoir ce concept.

 Surcompensation et exercices:

Le plus fort dans le modèle de la surcompensation est que les chercheurs ont réussi à quantifier l'impact des exercices sur les qualités physiques. Les types d'exercices, leurs intensités, les récupérations, l'état du sportif… ont été mis en relation avec l'évolution du niveau des qualités physiques. Ce travail a permis de dégager un certain nombre de tendances et de faits :

  1. la surcompensation dépend avant tout de la nature du travail fourni et de la charge globale de travail. Schématiquement, plus le travail est important et spécifique à une qualité , plus le temps de récupération et l'amplitude de la surcompensation sont élevés.
  2. pour obtenir une surcompensation, l'exercice doit avoir une intensité suffisante. En dessous d'un certain seuil, l'exercice n'a pas d'effet sur les qualités physiques.
  3. à niveau de travail comparable, le temps de surcompensation varie selon la qualité sollicitée. Elle intervient après :
    - 12 à 24 heures pour des exercices de vitesse
    - 24 à 48 heures pour des exercices de résistance
    - 48 à 72 heures pour des exercices d'endurance (puissance aérobie)
  4. les exercices sollicitent toutes les qualités de manière plus ou moins marquée. Un exercice n'est jamais complètement spécifique à une qualité. La figure montre comment un exercice d'endurance aboutit à la surcompensation des qualités d'endurance bien sûr mais aussi de vitesse et de résistance.

De la connaissance de l'impact des exercices à leur organisation au sein d'une programmation d'entraînement, il n'y a qu'un pas qui se franchi allègrement.

Surcompensation et programmation de l'entraînement:

Un principe, un seul s'ajoute aux tendances dont nous venons de parler. Ce principe stipule que l'amélioration des qualités est maximale si la nouvelle sollicitation intervient pendant la phase de surcompensation. Dès 1965, L.P. Matveiev (l'orthographe de son nom varie selon les références) indiquait l'importance de combiner l'alternance des séances avec les périodes de repos de façon telle que chaque séance intervienne au moment où les capacités de travail sollicitées par une séance de même type ont été régénérées voire augmentées.

Cependant il est possible d'organiser l'alternance des sollicitations et des récupérations de façon à ce qu'un nouvel exercice intervienne sur un fond de récupération incomplète. Ce fonctionnement provoque une accumulation de fatigue censée déclencher une surcompensation plus importante appelée hyper-compensation. Dans ce cas, la série de séances est considérée comme un effort global après lequel est prévu un repos suffisant pour assurer la récupération et l'élévation de la capacité de travail. Inutile d'insister sur le fait que ce type d'organisation est extrêmement éprouvant pour l'organisme et peut le conduire rapidement à un état de surmenage. En revanche son utilisation périodique chez l'athlète confirmé, augmenterait efficacement le niveau d'entraînement.

Peut-être avez vous remarqué que, depuis le début, nous avons beaucoup utilisé le conditionnel. C'est que malgré la cohérence apparente de ce modèle, il n'échappe pas à un certain nombre de critiques qui pourrait bien le rendre complètement obsolète.

Critiques et limites du modèle:
  1. le moment de la surcompensation est impossible à connaître
    Nous avons vu que ce moment dépendait de la charge de travail appliquée, laquelle est déjà difficile à quantifier. Mais aussi, Il dépend de l'impact ressenti par un organisme lequel est quasi impossible à évaluer. Tout au plus pouvons-nous dire que si l'athlète est en forme, il y a de bonnes chances pour que le temps de récupération s'approche des chiffres fournis. Cette première critique prévient du danger qu'il peut y avoir à construire un entraînement sur la seule foi de temps de récupérations statistiques.

  2. sa mise en œuvre est impossible
    Vous savez l'importance de développer l'ensemble des qualités physiques de l'organisme. Vous décidez alors d'appliquer le principe de surcompensation pour y parvenir. Que faites-vous ? Un exercice de vitesse chaque jour puisque la récupération intervient après 12-24h. Un exercice de résistance tous les deux jours, d'endurance tous les trois jours… Votre athlète risque d'être rapidement épuisé !
    Et puis remarquez qu'en faisant un exercice d'endurance vous développez aussi la vitesse - c'est dans le modèle - alors quand placer la séance de vitesse suivante ?
    Le respect des principes de la surcompensation aboutit à une impasse. Le principe de surcompensation pour l'entraînement est impossible à mettre en œuvre. Dans la pratique, les entraîneurs et les athlètes se sont bien rendus compte du caractère irréalisable du modèle. Certaines d'entre eux ont alors adapté son utilisation. Ils l'ont confinée à certaines séances, limitée à certaines qualités.
    • Les qualités : Les transpositions dont nous parlons ont mis l'accent sur l'aspect spécifique du travail rapporté à 2 ou 3 grandes qualités. La conséquence fâcheuse fut l'absence de diversité. Il fallait travailler telle qualité par tel type d'exercice et pas par un autre. C'était la condition nécessaire pour assurer le respect du principe initial et le contrôle de l'entraînement. Beaucoup d'entraîneurs ne se sont plus donnés le droit à la fantaisie et à l'innovation, tout devait rentrer dans un cadre à la fois rationnel et contrôlable.
    • Les séances privilégiées : La période la plus usité pour sa mise en œuvre a été et est certainement encore les 3-4 jours qui précèdent une compétition. Dans le cas présent tout colle. Une seule séance, une qualité sollicitée - celle intervenant en priorité dans l'épreuve de compétition - et un seul principe : 24h pour la vitesse, 48 pour la résistance et 72h pour l'endurance maximale. Chacun se fera son opinion sur cette pratique en gardant à l'esprit l'idée selon laquelle ce n'est pas parce qu'un principe est vrai une fois qu'il est vrai chaque fois.

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